Parti de rien dans les années 80, il a monté sa société, brique par brique. Houd Baby est aujourd’hui un opérateur malien à l’envergure régionale.
Dans le Mali des années 80, être homme d’affaires signifiait en général faire du négoce. Les grands noms du commerce malien se répartissaient entre détaillants et grossistes et rarement au-delà. C’est ainsi que Houd Baby, à 25 ans, se lance dans le commerce de détail en 1982. A la différence de ses nombreux concurrents qui évoluent dans l’informel, ce malien du nord, avec un BTS en gestion des entreprise, décide dix ans après avoir débuté son affaire, de se structurer en créant la société GMCI Sarl, dédiée naturellement à l’importexport afin de donner plus de visibilité aux partenaires (banques, fournisseurs et autres).
Alors que le modèle économique de l’informel veut qu’on fasse tout, lui se spécialise dans la distribution de matériaux de construction et de produits alimentaires. L’avenir lui donne raison sous forme d’une augmentation rapide du chiffre d’affaires. Au début des années 2000, le Mali vit un véritable boom économique et démocratique. Les hommes d’affaires comme Houd Baby avaient le moral. «Nous avons alors pris la décision stratégique de nous tourner vers l’investissement, dans la perspective d’arrêter nos activités dans le commerce». Dans les cercles d’amis, ces nouvelles orientations sont incomprises. Les hommes d’affaires maliens, qui font face à un environnement économique changeant, n’investissent pas en général, se contentant de faire du commerce et des activités à cycle de vie réduit. Loin de se décourager, Houd Baby matérialise son idée, fait recours à un prêt bancaire (avec naturellement un taux dissuasif). Il opère un choix gagnant en anticipant les besoins du marché. C’est ainsi que l’hôtel Nord-Sud est ouvert en 2002 à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations.
En 2003, le capitaine d’industrie crée la société Sigaz-Mali spécialiste dans la production de l’oxygène médical et industriel et de la production de l’acétylène, une activité réservée exclusivement à un Major comme Air Liquide auquel les africains n’osent pas en général se frotter à cause de la complexité du métier. La société prend la mesure du marché en se lançant aussi dans l’embouteillage et la distribution du gaz butane. Le développement multisectoriel des activités pousse le fondateur de la société à rechercher un mode d’organisation plus efficace. D’où la mise en place de la société Holding Houd Investissement SA. En même temps, c’est le début du développement à l’international, Sigaz Burkina Fasso voit le jour en 2007, avec les mêmes activités que le Mali.
Convaincu que la formation reste le socle de tout développement l’entrepreneur retourne a l’université en 2005 pour mieux renforcer ses capacités par une formation en Maitrise-Finances des entreprises a l’IAM (Institut Africain de Management) de Bamako L’année 2007 verra aussi le rapprochement stratégique avec la société SMPH, lors de la création du groupe Azalai Hotels en vue d’une fusion totale réalisée en 2010. Au-delà de ce rapprochement stratégique entre les deux entreprises c’est surtout l’existence d’une vision partagée de la gouvernance d’entreprise entre les deux chefs d’entreprise.
Par le biais de cette fusion, Houd Investissement se retire de l’hôtellerie tout en restant actionnaire du groupe Azalai Hotels. En définitive, l’hôtellerie n’est pas le métier que nous souhaitons développer. Nous avions décide depuis 2007 de développer verticalement l’industrie agro-alimentaire, un secteur d’avenir pour l’Afrique. D’ou notre Slogan «Nourrir l’Afrique ensemble».
C’est ainsi qu’en 2009, le groupe crée MDSMali actif dans la transformation du blé, du mil et du maïs, pour un investissement de 5,3 milliards de f CFA. Apres le succès de ce projet avec sa marque «Lafia», le Groupe élabore en 2011 un plan de développement stratégique (2011-2015) d’un montant total de 30 milliards de f CFA dans la sous-région Uemoa. Cette décision stratégique voit la naissance d’un groupe industriel sous régional du nom du Groupe Sahel et la démultiplication du business-modèle de MDS dans certains pays où le besoin existe.
En mars-avril 2013, ce développement organique initié par Houd Baby depuis sa première affaire sera couronnée par le démarrage d’un moulin au Niger. D’un investissement total de 3,5 milliards de f CFA, l’implantation au Niger est financée par fonds propres, à hauteur de 30% et par dettes bancaires, à hauteur de 70% (BIDC et banques locales).