En Afrique noire, la lutte pour l’égalité des sexes a été longue et ardue. Cependant, certaines femmes ont réussi à briser les barrières et à entrer dans des sphères traditionnellement dominées par les hommes. L’une de ces pionnières est Aoua Keïta, qui est devenue la première femme ministre dans un gouvernement africain en 1960 au Mali. Sa nomination marque une étape historique dans la reconnaissance des droits et des capacités des femmes en Afrique.
Née en 1912 à Bamako, dans ce qui était alors le Soudan français (aujourd’hui le Mali), Aoua Keïta a grandi dans un environnement qui valorisait l’éducation. Elle a été l’une des premières femmes à recevoir une éducation formelle, devenant sage-femme après des études à l’École de médecine de Dakar.
Sa carrière de sage-femme l’a conduite à travailler dans plusieurs régions du Mali, où elle a constaté de première main les défis auxquels les femmes faisaient face, en particulier en matière de santé et de droits. Ces expériences ont renforcé sa détermination à améliorer les conditions de vie des femmes et des enfants.
Aoua Keïta s’est rapidement impliquée dans le militantisme politique. Elle a rejoint le Rassemblement Démocratique Africain (RDA), un mouvement politique panafricaniste qui jouait un rôle crucial dans la lutte pour l’indépendance des colonies françaises en Afrique. Grâce à son engagement, elle est devenue une figure de proue du mouvement pour les droits des femmes.
En 1958, elle a participé activement à la campagne pour l’indépendance du Mali, utilisant sa position et son influence pour mobiliser les femmes et les encourager à s’impliquer dans la politique.
Le 22 septembre 1960, le Mali obtient son indépendance et Modibo Keïta devient le premier président du pays. Reconnaissant l’importance du rôle des femmes dans la société malienne, il nomme Aoua Keïta ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfance, faisant d’elle la première femme ministre en Afrique noire.
Durant son mandat, Aoua Keïta a œuvré sans relâche pour améliorer les conditions de vie des femmes maliennes. Elle a lancé plusieurs initiatives visant à promouvoir l’éducation des filles, à améliorer les soins de santé maternelle et infantile, et à lutter contre les pratiques traditionnelles nuisibles telles que les mariages précoces et forcés.
L’impact de l’œuvre d’Aoua Keïta dépasse largement ses années au gouvernement. Elle a laissé un héritage durable de militantisme et de défense des droits des femmes. Son autobiographie, « Femme d’Afrique : La vie d’Aoua Kéita racontée par elle-même », publiée en 1975, est un témoignage poignant de son parcours et de ses luttes. Ce livre reste une source d’inspiration pour de nombreuses femmes africaines.
Après son mandat, elle a continué à militer pour les droits des femmes et à participer à diverses initiatives de développement communautaire jusqu’à sa mort en 1980.
Aoua Keïta a ouvert la voie pour les femmes en politique en Afrique noire. Sa nomination en tant que première femme ministre est un jalon historique qui a inspiré d’innombrables femmes à poursuivre des carrières politiques et à lutter pour l’égalité des sexes. Son engagement et ses réalisations demeurent un puissant rappel de l’importance de l’inclusion des femmes dans toutes les sphères de la société. Aujourd’hui, grâce à des pionnières comme Aoua Keïta, de plus en plus de femmes africaines occupent des postes de leadership, continuant à bâtir sur son héritage et à œuvrer pour un avenir plus équitable.