Thomas Sankara, souvent surnommé le « Che Guevara africain », a laissé une empreinte indélébile sur le continent africain et au-delà. Né le 21 décembre 1949 à Yako, en Haute-Volta (aujourd’hui le Burkina Faso), Sankara est devenu président de son pays en 1983 à l’âge de 33 ans. Durant ses quatre ans de présidence, il a transformé la nation avec des réformes audacieuses et une vision radicale de la souveraineté et du développement. Son héritage demeure une source d’inspiration pour de nombreux Africains et militants à travers le monde.
Issu d’une famille modeste, Thomas Sankara a rapidement montré un intérêt pour les questions sociales et politiques. Après des études militaires au Madagascar, où il a été témoin de la révolution malgache de 1972, il développe une conscience politique aiguë. À son retour en Haute-Volta, il gravit les échelons de l’armée et se fait remarquer pour ses idées progressistes et son charisme.
Le 4 août 1983, Thomas Sankara accède au pouvoir par un coup d’État orchestré par un groupe de jeunes officiers progressistes. Il rebaptise immédiatement le pays Burkina Faso, signifiant « le pays des hommes intègres », et lance un programme ambitieux de réformes économiques et sociales.
Sankara encourage l’autosuffisance alimentaire et la réforme agraire. Il redistribue les terres et promeut l’utilisation de techniques agricoles modernes. En seulement quatre ans, le Burkina Faso atteint l’autosuffisance alimentaire, une réalisation remarquable dans un pays jusque-là dépendant de l’aide alimentaire.
Sous sa présidence, Sankara lance une campagne massive de vaccination, éradiquant presque entièrement les maladies telles que la poliomyélite et la rougeole. Il construit également des écoles et encourage l’éducation pour tous, en particulier pour les filles.
Sankara est un fervent défenseur des droits des femmes. Il abolit la pratique des mariages forcés et de l’excision, promeut l’égalité des sexes, et encourage les femmes à participer activement à la vie politique et économique du pays.
Connu pour son intégrité, Sankara réduit le train de vie de l’État. Il vend les voitures de luxe du gouvernement et remplace les Mercedes par des Renault 5, la voiture la moins chère du marché à l’époque. Il met également en place des mesures strictes pour lutter contre la corruption et le détournement de fonds publics.
Sur le plan international, Sankara prône une politique étrangère indépendante et critique sévèrement l’impérialisme et le néocolonialisme. Il refuse l’aide conditionnelle et appelle à l’annulation de la dette des pays africains, qu’il considère comme une nouvelle forme d’asservissement. Son discours historique à l’ONU en 1984 résonne encore comme un appel à la dignité et à l’autonomie des nations africaines.
Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné lors d’un coup d’État orchestré par son ancien ami et collaborateur Blaise Compaoré, qui prend le pouvoir et démantèle progressivement les réformes de Sankara. Cependant, l’héritage de Sankara ne s’est pas éteint avec lui. Il est devenu un symbole de résistance et de lutte pour une Afrique libre et prospère.
Des générations de jeunes Africains continuent de se tourner vers ses idéaux de justice sociale, d’émancipation et de souveraineté nationale. Les mouvements panafricanistes et les activistes de la société civile invoquent régulièrement son nom et ses idées pour inspirer le changement et la transformation sur le continent.
Thomas Sankara a marqué l’histoire du Burkina Faso et de l’Afrique avec son leadership visionnaire et ses réformes radicales. Son engagement pour la justice sociale, l’égalité et la souveraineté continue d’influencer et d’inspirer de nombreux Africains. Alors que le continent poursuit sa quête de développement et de justice, l’héritage de Thomas Sankara demeure un phare guidant les aspirations de millions de personnes vers un avenir meilleur.