Alors qu’elle n’était connue jusque-là que par ses collègues de la Banque mondiale, la jeune économiste zambienne a été propulsée en 2009, au centre d’une vaste polémique idéologique. Son livre L’aide fatale (éd.JC Lattès), publié la même année, est venu pour ainsi dire, secouer le cocotier. Dambisa Moyo, 42 ans, détonne par ses positions pour le moins dérangeantes et quasiment taboues en Afrique et dans le monde: «L’aide publique donnée à l’Afrique constitue une rente.»
La réputation de Dambisa Moyo et tout son cercle d’influence se sont constitués à partir du postulat selon lequel, l’aide publique au continent est en partie responsable des problèmes de développement des Africains.
«Elle permet à de nombreux dirigeants de ne pas assumer leurs responsabilités, puisqu’ils savent que d’autres financeront l’éducation, la santé ou les infrastructures nécessaires au développement de leurs pays», n’a-t-elle de cesse d’affirmer. Elle fustige le FMI et la Banque mondiale en soutenant que ces institutions «ont un plus grand besoin de donner que le récipiendaire de recevoir.»
Elle estime aussi dans son ouvrage que la démocratie n’est pas un préalable au développement:
«La démocratie ne peut se développer qu’avec l’émergence d’une classe moyenne en position de demander des comptes au pouvoir .» Elle pense même que « les dictateurs de bonne volonté et déterminés » valent mieux que les «démocraties multipartites.» Et pour enfoncer le clou, elle est l’une des rares personnalités africaines à soutenir ouvertement l’arrivée de plus en plus forte de la Chine en Afrique.
Formée dans les meilleures universités occidentales (Oxford et Harvard), Dambisa Moyo a pourtant été élevée en Afrique, par un père universitaire, chantre de la lutte anti-corruption en Zambie et par un grand-père mineur. Elle connaît donc bien le continent et se dit très attachée à sa terre. Une voix discordante parmi les discours convenus et policés habituels qui l’ont fait figurer en 2008, dans le classement des 100 personnalités les plus influentes du magazine Time.